Mort de Juan Antonio Samaranch: le pragmatique de l'Olympe

Publié le par actu

 
L'ancien président du comité international olympique (CIO), Juan Antonio Samaranch, lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Vancouver, le 12 février 2010./AFP PHOTO POOL /Jim Young

JO - L'ancien président du CIO s'est éteint en Espagne à 89 ans...

 La fin d'un acteur majeur du sport du 20e siècle. L'ex-président du Comité international olympique (CIO), l'Espagnol Juan Antonio Samaranch, 89 ans, est décédé mercredi à Barcelone d'un arrêt cardio-respiratoire. Il était hospitalisé depuis mardi dans un état «très grave» dans une clinique de Barcelone (nord-est). Il souffrait d’une «insuffisance coronarienne aiguë». Président du CIO de 1980 à 2001, Juan Antonio Samaranch avait quitté ce poste en juillet 2001. Seul le baron Pierre de Coubertin, père des Jeux olympiques de l'ère moderne, était resté en fonction plus longtemps que lui (1896-1925).

Il était sorti de la scène publique sur un dernier combat: le soutien sans faille à la candidature de Madrid pour l’organisation des JO 2016. «Je sais que je suis très proche de la fin de ma vie. J'ai 89 ans», lance-t-il alors devant le mouvement olympique à l’automne 2010. Une ultime bataille perdue. Pour une fois. «L’objectif de sa vie a été de faire du CIO un élément incontournable du sport et que le sport devienne un élément essentiel de la culture. Mission réussie», estime Armand de Rendinger, auteur de «Jeux Perdus : Paris 2012, paris gâché»

Modernisateur du CIO

Homme de réseaux et d’influence, Juan Antonio Samaranch  a traversé le siècle de la politique espagnole et du sport. Simple capitaine d’industrie dans le textile, le Barcelonais a tissé une immense toile d’influences qui l’ont mené jusqu’au toit de l’Olympe. Repéré par Franco après avoir organisé les championnats du monde de rink-hockey en 1951, Samaranch mène une brillante carrière dans l'Espagne franquiste. Député, ministre, ambassadeur, membre du CIO... Une première vie qui lui a valu pendant ses présidences de nombreuses détracteurs. «C'était un tel diplomate qu'il aurait réussi dans n'importe quel type de régime», estime  Armand de Rendinger. Sans être forcément un ultra-nationaliste, Samaranch s'était beaucoup battu pour les JO de Barcelone (1992) et pour les candidatures de Madrid.

 

Diplomate, fin politicien, Samaranch était surtout un grand pragmatique. Elu président alors que le CIO est attaqué de toutes parts (la crise financière, les boycotts de la Guerre Froide), il va redresser la barre. Objectif: moderniser et donc mondialiser le mouvement olympique. «A cette époque, il a sauvé le CIO en universalisant le mouvement. Par exemple en amenant les choix de Séoul et Pékin comme villes olympiques et en professionnalisant son fonctionnement», analyse  Armand de Rendinger. Samaranch place ses hommes, manoeuvre pour que le CIO ne reste pas à la traîne de la mondialisation. «Les JO de Pékin sont l’héritage de Juan Antonio Samaranch qui était un financier mais aussi un politicien. Au-delà des intérêts économiques, l’ancien président du CIO a selon moi voulu laisser une trace dans l’histoire», expliquait à 20minutes.fr Gabriel Bernasconi, auteur de «La Longue marche olympique chinoise», avant les JO de 2008. 

 

Le CIO, une entreprise comme une autre

Samaranch aimait la peinture, consultait les bibliothèques de ceux qui le recevait. Un homme cultivé qui n'oubliait jamais le nerf de la guerre d'une entreprise mondialisée: l'argent. Il ouvre le mouvement olympique aux grandes marques comme Coca-Cola (les Jeux d'Atlanta en 1996). Des sponsors qui vont raporter une immense manne financière au CIO et lui assurer son indépendance par rapport aux Etats (toujours le traumatisme de la Guerre Froide). Le CIO devient une entreprise comme une autre, à la conquête de nouveaux marchés. Les jeunes avec le snowboard, les foules avec l'arrivée des stars professionnelles (la Dream Team de la NBA), les continents avec des sports mineurs comme le taekwondo... Et tant pis pour le dopage ou l'affaire de corruption qui avait entâché l'attribution des JO de Salt Lake City.

«Il a laissé à ses héritiers un CIO puissant mais tout le problème est de savoir aujourd'hui si ce CIO puissant véhicule les même valeurs que celles pourquoi le mouvement olympique a été créé par Coubertin, un mouvement par nature apolitique. Quand on choisit de donner les JO à la Chine, c'est un acte politique. Il y a là une forme d'hypocrisie», conclut Armand de Rendinger.

Publié dans actualité sportive

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