La sécurité des vols d'Air France mise en cause

Publié le par actu

 
 
 

Ce mercredi 19 mai s'annonce bien noir pour . Alors que la compagnie aérienne s'apprête à annoncer une perte d'exploitation record de 1,3 milliard d'euros pour son exercice 2009/2010, un livre met en doute la sécurité même de ses vols, l'estimant «incompatible avec son statut». Des affirmations immédiatement démenties par Air .

 

 

La compagnie doit conduire une «véritable révolution culturelle pour éviter un nouvel accident dont elle ne se relèverait pas», affirme le journaliste du Figaro Fabrice Amédéo dans La Face cachée d'Air France paru chez Flammarion, dans lequel il dénonce des «statistiques de sécurité indignes de son standing».

«La sécurité de la compagnie répond aux standards les plus exigeants de l'industrie aéronautique internationale, a réagi Air France dans un communiqué ce mercredi.

«Des statistiques de sécurité d'une compagnie de seconde catégorie»

Pourtant, selon Fabrice Amédéo, le constat est accablant : «Air France possède une flotte d'avions ultra-moderne, des pilotes qui comptent parmi les meilleurs au monde... mais (...) les statistiques de sécurité d'une compagnie de seconde catégorie», en raison de deux catastrophes majeures en une décennie, l'accident du Concorde et le du vol Rio-Paris.

«Un problème qui ne semble pas être technique mais culturel», selon le journaliste, qui affirme que «le management social pratiqué pendant une décennie et un certain laxisme ont une part de responsabilité dans cette réalité».

Revenant sur l'accident du Rio-Paris en juin 2009, qui reste pour l'instant inexpliqué même s'il est établi que la défaillance des sondes Pitot mesurant la vitesse a joué un rôle dans le crash, Fabrice Amédéo n'hésite pas à parler d'une «faillite collective du retour d'expérience», compte tenu des incidents déjà répertoriés sur ces sondes.

Selon lui, le crash aurait même pu être évité si la compagnie avait équipé ses appareils, comme l'a fait sa concurrente allemande Lufthansa dès 2008, du système de pilotage de secours «BUSS», qui aurait permis à l'équipage de «poursuivre sa route en toute sécurité», même en cas de défaillance des sondes.

Mais, affirme Fabrice Amédéo, «la direction du matériel d'Air France a refusé l'installation de cet équipement demandée par nombre de ses pilotes au motif qu'il n'était pas fiable».

Autre révélation : après l'atterrissage manqué de 2005 à Toronto, un autre atterrissage manqué a failli se reproduire au printemps 2009 à Tokyo, l'avion s'étant arrêté à 400 m du bout de la piste. Une répétition «symptomatique d'une compagnie qui n'apprend pas de ses erreurs».

Au 21e rang européen pour la sécurité

Selon le classement du site PlaneCrashInfo, cité dans le livre, avant même l'accident du Rio-Paris, Air France se situait au 21e rang européen et au 65e rang mondial pour la sécurité, loin derrière ses deux concurrentes européennes, British Airways et Lufthansa, respectivement 1ère et 2e en Europe.

Dans un chapitre intitulé un «management déficient», le journaliste souligne que la «culture de la sanction est absente d'Air France, contrairement à ses concurrentes», que les pilotes sont «intouchables». Conséquence: Air France est une entreprise «où la remise en question est structurellement impossible et où des décisions de bon sens ne sont parfois pas prises».

De son côté, la compagnie assure qu'elle «travaille continuellement sur des axes d'amélioration de la sécurité des vols». Elle affirme avoir mis en place, en 2010, un projet baptisé «Trajectoire», censé «proposer et étudier des initiatives visant à l'amélioration de la sécurité des vols».

«C'est vrai qu'Air France a connu sur dix ans trois accidents», le crash du Concorde (2000), la sortie de piste à Toronto (2005) et le Rio-Paris, a indiqué Pierre Sparaco de l'Académie de l'air et de l'espace. Mais «une statistique basée sur trois événements en dix ans n'est pas une statistique !».

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