Troisième mandat pour Alain Le Vern
Et un, et deux, et trois… zéro ! Dans les stades de football on parlerait de «coup du chapeau» pour Alain Le Vern (55,10 %) qui par trois fois en douze ans aura renvoyé la droite régionale dans les vestiaires. Une performance politique indéniable, puisant sa force dans un efficace maillage d'élus fabiusiens sur le territoire et des militants rodés à toutes les batailles. Bénéficiant hier d'un report de voix sans faille à gauche. Avec, sur le devant de la scène, une réputation de bon gestionnaire dans une région où le proverbe «un sou est un sou» garde tout son sens. Mais d'autres facteurs ont pesé en sa faveur. La conjoncture économique toujours insondable, mais aussi l'appartenance au gouvernement de Bruno Le Maire (30,70%), ministre de l'Agriculture, à un moment où la cote du président de la République est au plus bas dans l'opinion.
Campagne non-stop jusqu'en 2014 !
Une «filiation directe» qui n'a pas facilité la campagne du candidat UMP-NC, pris, comme Nicolas Sarkozy, sous le feu nourri de la gauche et de l'extrême droite. Un mélange des genres, national-régional, qui a outrageusement vampirisé ces élections. Sans parler du taux d'abstention (49%). C'est sur ce dernier élément que, selon la théorie mitterrandienne «Faisons d'un mal un bien», ces résultats décevant pour le pouvoir devraient paradoxalement permettre à Nicolas Sarkozy d'enfoncer le clou de sa réforme des collectivités territoriales de 2014 au nom de l'incompréhension des enjeux et de cette montée de fièvre abstentionniste !
Bruno Le Maire, qui vient d'essuyer sa première défaite dans la région, se console d'ailleurs en regardant le calendrier. «Quatre ans, ça passe vite», répète-t-il, affirmant qu'il va conduire une «opposition active» dans l'hémicycle. Des bancs agités en perspective, d'autant que le Front national de Nicolas Bay, fort de son bon score (14,20 %), n'a pas l'intention de faire de la figuration. Les alliés du président Le Vern au second tour, Front de gauche et Europe écologie, non plus d'ailleurs…
Ces quatre ans à venir vont être en effet ceux de tous les chambardements. Car dès maintenant le monde politique entre dans un long tunnel électoral. Renouvellement d'une partie des conseillers généraux et des sénateurs en2011, présidentielle et législatives en 2012, fusion régions-départements avec l'élection des conseillers territoriaux, municipales et européennes en 2014 ! Et pourquoi pas en prime un référendum pour la réunification de la Normandie! Autant dire que dès aujourd'hui, c'est campagne non-stop pour quatre ans!
Et 2014, justement, c'est l'objectif que se fixe Bruno Le Maire en Haute-Normandie pour prendre sa revanche, le temps de réactiver ses réseaux d'élus UMP qu'il juge, dans certaines zones, inconsistants. Mais quel adversaire socialiste trouvera-t-il alors en face de lui? Il est probable qu'Alain Le Vern ne briguera pas un nouveau mandat, et chez les socialistes les candidats à sa succession ne manqueront pas. Pour le président de Région, en tout cas, ce troisième mandat devrait être celui de la plénitude. Avec tout d'abord la mise en place des mesures promises, les 2000 contrats de sécurité professionnelle pour les salariés victimes de la crise, par exemple, et les 1000 emplois tremplins dans les associations, ou encore le développement de nouvelles infrastructures dans les transports, comme la nouvelle gare de Rouen.
Quelques projets audacieux - qui ne figuraient pas dans son programme - pourraient également venir marquer de façon plus personnelle cette mandature.