François Hollande : enquête sur une jeunesse à Rouen

Publié le par actu

Présidentielle. Le candidat du PS, François Hollande, a passé une grande partie de son enfance en Normandie.

Année scolaire 1965-1966, classe de 5e M2 au collège Saint-Jean Baptiste-de-la-Salle. François Hollande (3e rang, 1er à partir de la gauche) et ses camarades ont tous apposé leur signature pour immortaliser l’instant. Il y effectuera encore deux rentrées avant de rejoindre Neuilly

D.R.

 

ROUEN (Seine-Maritime). De la part des élèves de 5e M2. La petite phrase est toujours inscrite au dos du disque de Jean Ferrat. Un cadeau qu’Armand Adem, professeur de français au collège Jean-Baptiste-de-la-Salle à Rouen (Seine-Maritime), s’est vu offrir en juin 1966 par ses élèves. Et parmi eux, un certain François Hollande, élève depuis une dizaine d’années dans cette institution rouennaise gérée par les Frères des écoles chrétiennes.

Celui qui est aujourd’hui candidat à la présidentielle a passé sa prime enfance et une partie de son adolescence à Rouen (Seine-Maritime) où il était scolarisé, à Bois-Guillaume où il habitait avec ses parents Georges et Nicole, et son frère aîné Philippe. « C’était un bon élève et un bon copain » assure un Rouennais qui a usé ses fonds de culotte sur les mêmes bancs que le dirigeant socialiste. « Lui était le premier de la classe, – il avait un an d’avance – moi plutôt du côté du radiateur » sourit l’ancien élève de J.-B. « François était très sympa, je me souviens d’être allé jouer au foot chez lui, à Bois-Guillaume, un jeudi après-midi. » Aujourd’hui, François Hollande est toujours un fan de ballon. A l’époque, avec son frère, il joue en minime, puis en cadet, au Football-Club de Rouen.

C’est en 1953 que la famille Hollande arrive à Rouen (Seine-Maritime). Philippe n’a qu’un an, François naîtra l’année suivante. Georges, le père, né en Charente en 1923, est médecin ORL. La famille s’installe rue des Carmes, le cabinet est situé en dessous de l’appartement. Ce n’est qu’en 1958 que la famille emménage dans une maison bourgeoise à Bois-Guillaume. Georges, lui, ouvre son cabinet médical dans un des immeubles de la reconstruction, place de la Haute-Vieille-Tour, dans le centre-ville de Rouen. Ce spécialiste « des maladies du nez, de la gorge et des oreilles », comme il est écrit dans l’annuaire de Rouen de 1965, y consulte tous les après-midis, sauf le mercredi.

Nicole, sa mère, infirmière de formation, assiste au début son mari, puis devient assistante sociale. Elle travaille dans deux entreprises de la banlieue ouvrière rouennaise, à Déville-lès-Rouen, partageant son temps entre la TRT, qui assemble des postes émetteurs pour l’armée française, et Vallourec, qui fabrique toujours des tubes en acier pour l’industrie pétrolière.

Alors que son frère est envoyé en pension, François passe toute sa scolarité à J.-B. Armand Adem, son prof de français pendant au moins deux ans, se souvient d’un élève brillant, mais aussi espiègle. « C’est quelqu’un qui prenait déjà ses responsabilités, mais aimait la petite déconne ».
François Hollande ne terminera pas son année de 3e chez les Frères, à Rouen. La famille déménage, rapidement, sans se retourner, suivant la volonté ferme du père, Georges.

C’est pourtant en Normandie, à Beaumont-le-Roger, dans l’Eure, qu’en 1979, le futur candidat adhère au PS. « C’est moi qui lui ai donné sa première carte, en tant que responsable de la section socialiste du canton. Ses parents avaient une résidence secondaire à Ecardenville-la-Campagne, se souvient Jackie Desrues, aujourd’hui conseiller général. Il est venu me voir au local, il avait l’air d’un jeune étudiant très bien. Il n’est pas resté très longtemps, juste quelques mois. » Juste avant la Corrèze, sa nouvelle terre d’élection.

L'ombre d'un père aux "idées contraires"

Lors du lancement officiel de sa campagne, au Bourget en janvier, François Hollande a évoqué sa famille normande « conservatrice », qui lui a cependant « donné la liberté de choisir par son éducation ». Il a même remercié son père, « aux idées contraires » aux siennes, qui lui a permis de s’affirmer dans ses convictions de gauche.  Car dans les années 60, Georges Hollande est loin des idées socialistes.
Proche de l’extrême droite et de l’Algérie française, il est à deux reprises candidat aux municipales. En 1959 à Rouen, en 1965 à Bois-Guillaume. A Rouen, il est en 4e position sur une liste Anti-partis et rénovation municipale présentée par la Défense combattante de la France. Sur les 37 candidats, on trouve 26 anciens combattants, dont une petite dizaine d’Indochine. Pour cette élection, cinq autres listes sont en lice, dont celle du maire sortant Bernard Tissot et d’un certain Jean Lecanuet qui deviendra maire en 1968. La liste de Georges Hollande n’obtiendra que 4 % des suffrages et le docteur Hollande 1859 voix.
En 1965, c’est donc à Bois-Guillaume sur une liste de Rénovation et d’expansion communale, qu’il se présente. L’ancien maire entre 1942 et 1944, Roland Rénier, nommé par Vichy, figure aussi sur la liste qui obtient environ 500 voix au 1er tour, contre plus de 1 500 voix pour la liste de Pierre Quintard, le futur maire. « Je ne me souviens pas du tout du docteur Hollande » précisait il y a quelques jours celui qui fut maire jusqu’en 1987.
 A l’époque, dans la commune des plateaux nord de Rouen qui ne compte que 8 000 habitants, le docteur Hollande est plus connu pour ses activités immobilières que pour ses activités médicales. Il est à l’origine de la construction d’un vaste ensemble d’appartements dans une résidence, le Clos du Hamel, située rue de la Haie, guère loin de la mairie et d’une autre, la résidence Saint-Nicolas, sur la route de Neufchâtel. Quand toute la famille part en 1968 pour Neuilly, Georges Hollande travaille un temps comme médecin de la Sécurité sociale. Aujourd’hui, il vit à Cannes.

 
 

 

Suivez nous sur twitter: @martin76130
 

Publié dans actualité politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article