Centrale de Penly : fin de la fuite, le réacteur arrêté plusieurs jours

Publié le par actu

EDF a constaté une «fuite d'eau» radioactive du circuit primaire du réacteur de Penly (Seine-Maritime), arrêté jeudi après-midi, mais la fuite est «collectée dans des réservoirs prévus à cet effet», assure l'opérateur.
EDF a constaté une «fuite d'eau» radioactive du circuit primaire du réacteur de Penly (Seine-Maritime), arrêté jeudi après-midi, mais la fuite est «collectée dans des réservoirs prévus à cet effet», assure l'opérateur.
| (LP/PHILIPPE DE POULPIQUET)
EDF annonce la fin de la fuite sur le circuit de refroidissement du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), assurant que l'incident n'avait eu «aucune conséquence sur l'environnement». «Depuis 4 heures ce matin, il n'y a plus de fuite au niveau du joint de cette pompe», assure EDF dans un communiqué publié vendredi matin.
«Ce retour à la normale sur le circuit de refroidissement a permis de lever le plan de mobilisation interne à 05h15 ce matin», ajoute le groupe.

«Dans la nuit du 5 au 6 avril, les équipes de la centrale de Penly ont réussi à maîtriser la fuite d'eau sur le joint de la pompe du circuit primaire de refroidissement du réacteur en faisant baisser la pression et la température de ce circuit», précise le communiqué. Cet incident n'a «pas perturbé le refroidissement du réacteur», souligne EDF. Le réacteur avait été arrêté automatiquement jeudi, après deux départs de feu qui se sont produits dans le bâtiment abritant le réacteur n°2 . 



Le réacteur en «arrêt à froid». Ce réacteur restera «plusieurs jours à l'arrêt», a déclaré vendredi Dominique Minière, directeur du parc nucléaire d'EDF. Pour EDF, il s'agit à la fois de réparer la pompe du circuit primaire du réacteur, et de «comprendre ce qui s'est passé dans le détail». «On ne redémarrera pas avant de savoir ce qui s'est passé», a-t-il affirmé. Le réacteur a continué à refroidir toute la nuit, et devrait être en «arrêt à froid», permettant une intervention sur le circuit primaire «peut-être ce soir», ou un peu plus tard dans le week-end. «Les équipes ont pu pénétrer à nouveau dans le bâtiment réacteur» pendant la nuit, a-t-il dit. «Il y a de l'éclairage, il n'y pas de fumée», a encore assuré Dominique Minière.

L'Autorité de sûreté nucléaire a classé provisoirement l'incident au niveau 1 (le moins important) sur une échelle INES qui en compte 7. L'ASN qui doit mener une inspection sur place ce vendredi avait mobilisé son centre d'urgence.

«Pas de contamination» des personnels.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'ASN assurait que la fuite d'eau du circuit primaire du réacteur avait été «ramenée à des valeurs prévues», en dessous des valeurs maximales admissibles en fonctionnement normal. L'eau radioactive échappée du circuit a été «collectée par des circuits prévus à cet effet», selon l'ASN, qui a levé dans la nuit son dispositif de crise. Selon le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel, une personne a été légèrement brûlée pendant l'intervention dans le bâtiment réacteur. Selon EDF, qui avait dit dans un premier temps qu'il n'y avait pas de blessés, «il s'agit d'une blessure limitée». Jean-Christophe Niel a précisé qu'aucune contamination radioactive n'avait été décelée sur les 29 personnes entrées dans le bâtiment réacteur pour éteindre les départs de feu.


Un incident grave selon Greenpeace. «Ce qui s'est passé aujourd'hui (nldr. jeudi) est un incident grave», a estimé Sophia Majnoni, en charge des questions nucléaires pour Greenpeace France. Yannick Rousselet, spécialiste du nucléaire à Greenpeace, a jugé l'incident «sérieux». «Le circuit primaire c'est celui qui circule dans la cuve (du réacteur), celui qui refroidit directement le combustible. Une fuite du primaire c'est évidemment extrêmement important», a-t-il déclaré. «Il est évident que, pour le moment, on ne peut pas dire que ce soit grave au niveau des conséquences environnementales ou de santé extérieure puisqu'il y a rien pour le moment. Par contre, en terme de type d'accident, c'est un accident grave au sens de la sûreté», a-t-il ajouté, souhaitant que l'ASN exige «un contrôle de toutes les pompes» des centrales nucléaires.

Les Verts «hyper-vigilants». La députée européenne verte Michèle Rivasi, porte-parole d'Eva Joly, a estimé vendredi que les problèmes survenus dans la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime) constituaient un «incident» mais qu'il était nécessaire de rester «hyper-vigilants». «Le nucléaire, quand il y a un incident, on est toujours très vigilants car un incident peut conduire à autre chose». Le circuit primaire du réacteur nucléaire n°2 de la centrale, d'où s'est échappée l'eau, contient une «eau qui est en contact avec les combustibles. C'est donc hyper-radioactif», a déclaré sur LCI cette spécialiste des questions nucléaires, qui a fondé la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) en 1986. «Il va falloir être hyper-vigilants vis-à-vis de cette eau très radioactive», a-t-elle insisté.

Le feu a pris sur «deux petites flaques d'huile». Le premier incident s'est déroulé jeudi midi. «Le 5 avril 2012, à 12h20, une alarme incendie s'est déclenchée suite à un dégagement de fumée dans un local situé dans le bâtiment réacteur de l'unité de production n°2 de la centrale nucléaire de Penly. Les systèmes de sécurité se sont enclenchés normalement et le réacteur s'est arrêté automatiquement», expliquait EDF dans un premier communiqué publié sur le site de la centrale jeudi après-midi. Un peu plus tard, le groupe affirmait : «A 13h15, les pompiers, en tenue de protection contre la radioactivité, sont intervenus dans le bâtiment réacteur de l’unité de production n°2 de la centrale nucléaire de Penly pour éteindre deux départs de feu. Il n’y a aucune conséquence sur l’environnement ».

«Nous faisons donc un diagnostic de l'état des installations pour établir les causes de cet événement et pouvoir redémarrer l'installation», déclarait dans la soirée le directeur délégué du site, Laurent Lacroix, à France 3. Selon les explications de ce dernier, les pompiers ont constaté que le feu avait pris sur «deux petites flaques d'huile qui ont été éteintes à l'aide d'extincteurs». «Nous sommes en train d'établir les causes de la présence de ces flaques d'huile à cet endroit. Les investigations en cours permettront de déterminer pourquoi elles étaient là et comment elles se sont enflammées», a t-il ajouté.

Début 2009, le site de Penly avait été retenu pour accueillir le second réacteur nucléaire français de 3e génération. Depuis, des incertitudes planent sur ce projet et l'ouverture d'une enquête publique, initialement prévue en 2011, a par ailleurs été reportée. En janvier dernier, un mois après l'intrusion de militants de Greenpeace dans certaines centrales françaises, les sites nucléaires, dont celui de Penly, avait décidé de renforcer leur sécurité.







Arrêt d'un réacteur à Saint-Laurent-des-Eaux
Loi des séries ou simple coincidence ? L'un des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher), l'unité de production numéro 2, s'est arrêté automatiquement jeudi à 13h30 dans le cadre d'une procédure d'urgence, suite à un «problème mineur», selon EDF. D'après EDF, l'arrêt a été déclenché «à cause d'une défaillance d'un capteur d'eau, un problème mineur, et le redémarrage est prévu vendredi en milieu de journée».
Par ailleurs, un autre incident s'est produit jeudi sur le site, en l'occurrence «un léger dégagement de fumée qui s'est produit dans un bâtiment administratif vers 13H30». «La fumée est sortie d'une grille de ventilation et provenait sans doute d'un ventilateur qui a surchauffé, faisant fondre un peu de plastique», selon la même source.

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