CE QU'IL FAUT RETENIR DU DISCOUR DE SARKOZY A VERSAILLE

Publié le par actu

Un grand emprunt national, un an de salaire pour les chômeurs, l'apologie du modèle social français, le débat sur les retraites... Voici l'essentiel du discours du discours prononcé par le président de la République ce lundi devant le Congrès, commenté par LExpansion.com.


La théorie des trois déficits

Le déficit explose... Il va atteindre 140 milliards cette année, selon les dernières prévisions fournies par Eric Woerth, ce qui représentera plus de 7% du PIB. Mais il y aurait, selon le président de la République, trois déficits. Un "mauvais déficit", celui qui est produit par les dépenses improductives, un "déficit de crise" qui sert de stabilisateur, et un "bon déficit", celui qui finance les investissements et prépare l'avenir. "C'est une vision assez keynésienne de l'économie, commente pour LExpansion.com Mathieu Plane, de l'OFCE. Sur les 4 points d'augmentation du déficit cette année, le plan de relance peut en expliquer un, et la conjoncture - c'est à dire la baisse des recettes fiscales liée à la baisse de l'activité - environ trois. Quand la croissance reviendra, ce déficit diminuera".

Un bémol, toutefois : la hausse du déficit, même le déficit de crise, vient alourdir la dette, et donc le poids des remboursements pour les années futures. Le déficit conjoncturel se répercute donc, pour une partie, sur le déficit structurel. "C'est vrai, à un moment, il faudra bien passer à la caisse, poursuit Mathieu Plane, parce que le retour de la croissance ne suffira pas pour que le déficit se rétablisse aux alentours des 3% imposés par le pacte de stabilité". Mais pas trop vite, car une politique de rigueur risquerait de casser la reprise. Une telle politique, d'ailleurs, est toujours écartée par Nicolas Sarkozy.

La rigueur, surtout pas...

Le président de la République a en effet promis qu'il ne ferait "pas la politique de la rigueur parce que la politique de rigueur a toujours échoué". Il a ajouté : "Je n'augmenterai pas les impôts car cela retarderait longtemps la sortie de crise et parce qu'en augmentant les impôts au niveau de prélèvements où nous nous trouvons, on ne réduit pas les déficits, on les augmente".

Pas sûr, pourtant, qu'il existe vraiment une alternative à la hausse des impôts, comme l'expliquait le blog Les Couloirs de Bercy début mai. Plusieurs parlementaires présents dans la salle ont d'ailleurs dû s'étrangler, même à l'UMP. Car le discours de Nicolas Sarkozy avait quand même, sur ce point, des allures de lettre au Père Noël comme le faisait remarquer Authueil sur Twitter, où la couverture en live du discours a fortement mobilisé, par exemple @SylvainLapoix, ou @flashpolitique. Depuis l'extérieur, ou devant leur télévision, car comme l'a noté @tdupont, les téléphones mobiles étaient interdits dans l'enceinte du Congrès. Le député @yfavennec en a fait l'expérience...

Vive le modèle social français

Une nouvelle fois, Nicolas Sarkozy s'est présenté comme un défenseur du modèle social français. "Les valeurs françaises ont été pendant trente ans à contre-courant de ce qui se faisait dans le monde économique et social. Aujourd'hui, le modèle français a de nouveau sa chance", a-t-il affirmé. Comme le montrait LExpansion.com le mois dernier, le président de la République n'a, pourtant, pas toujours été un apôtre de ce modèle. Pendant la campagne présidentielle, il avait par exemple défendu une vision très anglo-saxonne de l'économie, battue en brèche par la crise. Comme les nouveaux convertis, il s'emploie, depuis, à donner des gages. Par exemple sur la lutte contre les conséquences sociales de la crise.

Un an de salaire pour les chômeurs

Après avoir fait adopter une meilleure indemnisation du chômage partiel, Nicolas Sarkozy passe en effet à la vitesse supérieure dans ce domaine. Le président de la République a affirmé que "tout licencié économique" doit "pouvoir garder son salaire et recevoir une formation pendant un an". Il va proposer aux partenaires sociaux "de prendre des mesures massives en faveur de l'activité partielle et d'étendre encore le contrat de transition professionnelle". Ce contrat, expérimenté dans vingt-cinq bassins d'emplois, permet au salarié de conserver 80% de son salaire brut pendant un an maximum, parallèlement à une aide renforcée à la recherche d'emploi ou à la reconversion. Le salarié doit en revanche renoncer à ses indemnités de licenciement. Mais moins des deux tiers (59,7%) des personnes ayant achevé un CTP avaient retrouvé un emploi "durable", selon des données à la fin septembre 2008.

Le débat sur le retraites, pas avant l'année prochaine

Le débat sur les retraites a ressurgi il y a une semaine, après les déclarations polémiques de Brice Hortefeux sur un éventuel recul de l'âge légal, jusqu'à 67 ans. Une possibilité qui avait fait réagir les internautes de LExpansion.com, mais que Nicolas Sarkozy n'a pas explicitement repris à son compte. Le président de la République, qui a juste affirmé que "toutes les options seront examinées",  a fixé à mi-2010 le temps de la discussion. Il a ainsi pris le contre-pied de son Premier ministre, François Fillon, qui avait assuré qu'un tel débat, dont le blogueur Marc Landré détaille les enjeux ici, devait avoir pour cadre une élection présidentielle ou législative.

Aller loin sur la taxe carbone

Toujours aussi vert, Nicolas Sarkozy a aussi affirmé qu'il voulait "aller le plus loin possible sur la taxe carbone". "Plus nous taxerons la pollution, plus nous allègerons les charges pesant sur le travail", a-t-il indiqué. La "taxe carbone" vise à encourager les économies d'énergie et à changer les habitudes d'achat grâce à un déplacement de la fiscalité du travail vers l'énergie et les émissions polluantes. Portée par l'écologiste Nicolas Hulot en 2007, les modalités de la taxe, le mode de prélèvement et son évolution dans le temps feront, début juillet, l'objet d'une "conférence d'experts", sous la présidence de l'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard.

Un emprunt national

La semaine dernière, EDF avait joué les éclaireurs en lançant un grand emprunt. Nicolas Sarkozy a lui aussi renoué avec les vieilles recettes pour trouver de l'argent, en faisant directement appel à l'épargne des Français comme avaient pu le faire, avant lui, Edouard Balladur en 1993 ou Antoine Pinay dans les années 1950.

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