24 heure de rouen: " On a dû mal à comprendre cet acharnement "

Publié le par actu

 




 

Unique au monde. Quand il s’agit d’évoquer les 24 heures motonautiques de Rouen, ce sont les premiers mots qui sortent de la bouche des pilotes. Qu’ils viennent de la F1, comme le Rouennais Philippe Chiappe (seul Français à ce niveau), ou de catégories inférieures, c’est l’épreuve de l’année.

« Piloter en plein centre-ville, de nuit, c’est exceptionnel. Gagner ces 24 h est très difficile, ça a une répercussion mondiale » explique le numéro un français, qui alimente le circuit en amenant des pilotes côtoyés en F1. L’an dernier, c’est un certain Pierre Lundin, pilote suédois, qui l’avait retrouvé sur la Seine… soit le gagnant de l’épreuve reine (catégorie 3) avec ses acolytes Revert, Dessertenne et Ruffin, du team Drakkar Inshore.

La fascination de Chiappe pour l’épreuve rouennaise est partagée par Xavier Savin, ancien nageur de très haut niveau (2 fois finaliste aux JO de Moscou en 1980), et quadruple vainqueur des 24 h avec son complice Boyard. « Les 24 h de Rouen sont ce que les 24 h du Mans sont au Mans, ou le festival d’Avignon est à Avignon. Chaque grande ville a son héritage, qu’il soit culturel ou sportif. Les 24 heures de Rouen, c’est un symbole, une épreuve mythique. »

L’identité et la renommée de la course sont telle qu’elle relègue au second plan le championnat du monde d’endurance, pour lequel les 24 h ne sont pourtant « qu’une » étape, avec celle de la Pologne (l’Égypte n’organise plus de course d’endurance depuis l’an dernier). Mais comme le confirme Chiappe, « au niveau international, on ne parle pas du championnat d’endurance. On dit « les 24 heures de Rouen ».

C’est plus important qu’être champion du monde. » Un peu comme si, dans des proportions différentes, gagner un Paris SG – Marseille était plus important que de remporter le championnat de France de L1 de football… « C’est un championnat en devenir. La Chine a dans l’idée d’organiser une manche, le Portugal aimerait aussi », complète Chiappe. Au regard de l’attachement à cette épreuve, la disparition des 24 h de Rouen serait vécue comme un véritable cataclysme dans le monde du motonautisme. Si la discipline continuerait vraisemblablement d’exister sur les eaux internationales, il y a fort à parier qu’elle disparaîtrait en France. « Les pilotes auraient peut-être les moyens de s’accrocher pendant deux, trois ans. Mais pas plus longtemps » estime Savin. « Je pense qu’on cherche surtout à atteindre une image. C’est un peu fort de tout nous mettre sur le dos. A ce moment-là, on peut aussi arrêter l’Armada, la foire Saint-Romain… et aller vivre dans la montagne pour élever des brebis », s’emporte Chiappe.

Les 24 h ne pèsent rien en CO2 en comparaison à l’environnement industriel rouennais. Le pire, c’est qu’on est tous sensibles à l’écologie. Nos moteurs répondent aux normes EPA (Agence américaine de protection de l’environnement). Il y a trois ans, ils étaient propres à hauteur de 20 %, aujourd’hui, ils le sont à 70 %, et on vise les 95 %, voire 100 % d’ici 2011 ».

Les constructeurs subiraient également les conséquences d’une mort de l’épreuve, à l’image de David Moore, qui élabore la moitié des coques du circuit, même si l’intéressé ne se dit pas inquiet (le constructeur est également présent dans toutes les courses de vitesses, toutes catégories).

« J’ai du mal à comprendre cet acharnement, surtout face à des gens de bonne volonté, reprend Moore. On est ouvert à tout. Les 24 h, c’est l’équivalent de 4 h de vol d’un Boeing. C’est quand même une goutte d’eau ! Je ne sais pas si tout le monde est bien conscient de l’impact des 24 h. Quasiment tous les pilotes débutent à Rouen, et certains moteurs, qu’on fait évoluer en les testant en course, profitent maintenant à des bateaux de plaisance… »

 

 

 

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