Un reportage consacré à Free Mobile censuré sur M6 ?

Dans une lettre envoyée vendredi à Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, et Thomas Valentin, directeur général des antennes et des contenus, 57 journalistes, rédacteurs en chef et responsables de production salariés de la chaîne manifestent leur colère après la déprogrammation d’un reportage dans "Capital" consacré à Free Mobile.

Ce sujet, qui devait être diffusé le 9 septembre, a d’abord été repoussé au 30 septembre avant d’être reportée sine die, rapporte le site de Challenges.

Les signataires de la lettre s’élèvent contre ce qu’ils appellent un “acte de censure”.

Un cadre de M6 explique à nos confrères que "la chaîne n’a sans doute pas voulu être accusée de conflit d’intérêt : difficile de faire un reportage sur Free Mobile alors que nous commercialisons aussi l’offre concurrente M6 Mobile".

Mais une question se pose: comme le sujet avait été validé avant d'être tourné, le patron de Free est-il intervenu pour empêcher la diffusion du reportage ?

Le service de presse de M6 a affirmé que "l’émission n’a pas pu être déprogrammée puisqu’elle n’a jamais été inscrite sur les programmes que nous envoyons trois semaines avant diffusion aux hebdomadaires TV!". Avant de se contredire quelque peu: "il peut arriver que nous déplacions une émission quand son thème principal risque de se téléscoper avec le thème d’une autre émission diffusée à la même période : en l’occurrence, le magazine 66 minutes va aussi diffuser un reportage sur les mobiles, ce qui expliquerait pourquoi l’émission a, peut-être, été déplacée.".

D'un autre côté, une source proche du dossier a expliqué qu'il aurait pu y avoir "une intervention auprès de la direction de M6 des dirigeants d’Iliad, qui craindraient que la diffusion du reportage ne ne soit pas totalement à la gloire de Free Mobile".

Nos confrères précisent que "L’influence de Delphine Arnault, amie de Xavier Niel et membre du Conseil de surveillance de M6 a également été évoquée."

M6 assure ne pas avoir "eu l’écho d’une telle intervention". "Mais je ne suis pas au Conseil de surveillance ni au Conseil-de-je-sais quoi, et il ne faut pas voir des “loups” partout!" ajoute-t-il. Et lorsqu'on lui demande si Xavier Niel, lui même, est intervenu, la réponse est quasiment identique : "je n’ai pas eu l’écho d’une telle intervention".

Quant au service de presse de Free, il n'a pas donné suite aux appels de Challenges.

Nos confrères poursuivent en affirmant qu'un dirigeant de M6 "a expliqué lors d’une réunion de travail avec des partenaires extérieurs à la chaîne que “l’émission avait été déprogrammée pour protéger l’ensemble des opérateurs de téléphonie mobile, puisqu’aucun d’eux n’a été épargné par le reportage”."

De leur côté, les opérateurs concurrents de Free sont surpris que le reportage soit passé à la trappe : "M6 se moque du monde, pourquoi ont-ils censuré ce reportage ? déclare-t-on chez Orange. Est-ce qu’ils se sont gênés pour faire des reportages sur France Télécom quand la société connaissait des problèmes sociaux majeurs [la vague des suicides NDLR]? Si encore le budget publicitaire de Free mobile était supérieur à celui d’Orange, on comprendrait, mais là franchement on ne comprend pas."

Chez Bouygues Telecom, on confie : "Ces phénomènes de censure, ça devient incroyable…".

SFR déclare : "plus rien de ce qui se passe actuellement n’est surprenant".