Nobel de la paix : deux Africaines et une Arabe récompensées

Publié le par actu

ARCHIVES.  Trois femmes partagent le prix Nobel de la paix 2011 : de gauche à droite, la Yéménite, Tawakkol Karman, la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, et la militante pacifiste libérienne, Leymah Gbowee.

 
ARCHIVES.  Trois femmes partagent le prix Nobel de la paix 2011 : de gauche à droite, la Yéménite, Tawakkol Karman, la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, et la militante pacifiste libérienne, Leymah Gbowee.
| AFP/Frederick M. Brown
La présidente du Liberia, des militants du Printemps arabe ou une personnalité de l'Union européenne ? Le comité Nobel norvégien a finalement décidé de partager le prix Nobel de la paix entre trois femmes. La présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf, 72 ans. Une autre Libérienne, Leymah Gbowee, militante pacifiste qui a contribué à mettre fin aux guerres civiles ayant ravagé son pays jusqu'en 2003.

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 Enfin, une Yéménite, Tawakkol Karman, première femme arabe à recevoir ce prix. 

Cette dernière a dédié son Nobel de la Paix au «Printemps arabe». «Il s'agit d'un honneur pour tous les Arabes, les musulmans et les femmes. Je dédie ce prix à tous les activistes du Printemps arabe», a-t-elle déclaré à la chaîne d'information arabe Al-Arabiya, basée à Dubaï.

Les trois lauréates sont récompensées «pour leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes et de leurs droits à participer aux processus de paix», a déclaré à Oslo le président du comité Nobel norvégien, Thorbjoern Jagland. Le comité avait l'embarras du choix cette année avec un record de 241 organisations et individus en lice, une liste de candidats dont l'identité est un secret bien gardé.

Ellen Johnson Sirleaf, la Dame de fer du Liberia. Première femme élue chef d'Etat sur le continent africain en 2005, Ellen Johnson Sirleaf, 72 ans, était «la lauréate la plus probable», selon la chaîne norvégienne TV2, qui a correctement pronostiqué le nom des deux derniers vainqueurs, le président américain Barack Obama en 2009, le dissident chinois Liu Xiaobo en 2010. Arrivée au pouvoir en 2005, cette Dame de fer a oeuvré pour la reconstruction de son pays ravagé par quatorze ans de guerres civiles qui ont fait quelque 250 000 morts. L'attribution du Nobel survient quatre jours avant une élection présidentielle au cours de laquelle elle brigue un second mandat.

Leymah Gbowee, pacifiste active. La Libérienne Leymah Gbowee, s'est illustrée dans des mouvements de non-violence. Quadragénaire de forte corpulence, issue de l'ethnie Kpellé, elle a trouvé un surnom sur la scène internationale: «La guerrière de la paix». Travailleuse sociale, Leymah Gbowee côtoie quotidiennement pendant la guerre les enfants-soldats et réalise que «la seule manière de changer les choses, du mal vers le bien, était pour nous, femmes et mères de ces enfants, de se lever et d'aller dans la bonne direction», témoigne cette femme, aujourd'hui mère de six enfants, établie depuis 2005 au Ghana. Leymah Gbowee, qui a fondé ou dirige plusieurs organisations de femmes, a siégé dans la Commission Vérité et Réconci
Le choix du comité Nobel a été salué comme une victoire pour les femmes, pour l'Afrique et pour le monde arabe.

Angela Merkel a félicité les trois lauréates, saluant notamment Tawakkol Karman "qui se trouve encore dans une situation où elle ne peut pas encore jouir de la liberté". Cette attribution "est un très bon signal" qui devrait encourager les autres militants de la paix et des droits des femmes, a ajouté lors d'une conférence de presse Mme Merkel.

Nicolas Sarkozy a salué trois femmes d'"exception", son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé jugeant que "le combat de ces trois femmes exemplaires constitue un message d'espoir pour les peuples africains et arabes". Et de saluer "toutes les femmes dans le monde qui s'engagent résolument pour l'avenir de leurs peuples".

Lech Walesa, chef historique du syndicat polonais Solidarité, prix Nobel de la paix en 1983, a estimé que cette distinction "sera un encouragement à agir, tant pour les trois lauréates que pour les autres habitants d'Afrique et de pays arabes". "Les femmes des pays arabes seront en particulier encouragées dans la lutte pour leurs droits, et il reste beaucoup à faire. La démocratie ne se construit pas en un jour", a ajouté Lech Walesa, ex-président polonais (2001-2005), joint par l'AFP.

Les cybermilitants égyptiens Waël Ghonim et Esraa Abdel Fattah, figures du "printemps arabe" dont les noms avaient circulé pour ce prix Nobel, ont félicité la Yéménite Tawakkol Karmanpour sa «victoire méritée». «Notre vrai prix à tous, c'est que nos pays soient plus démocratiques et plus respectueux des droits de l'Homme», a écrit Waël Ghonim sur son compte Twitter.

En revanche, la co-attribution à la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, candidate à sa réélection, ne fait pas que des heureux. Son principal adversaire à la présidentielle de mardi, Winston Tubman, s'en est carrément indigné. «Mme Sirleaf ne mérite pas un prix Nobel de la paix, parce qu'elle a commis de la violence dans ce pays. Ce prix est inacceptable et non mérité», affirme le dirigeant du Congrès pour le changement démocratique (CDC).
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