Mon 'clasico' vu de la tribune: le Paris de la honte
Il y a des matchs pas comme les autres, ou même lorsque l’équipe de cœur se fait corriger par son ennemi éternel. Ce clasico était mon premier, pas forcément celui auquel je m’attendais. Voici comment ce clasico s’est déroulé, en quatre points.
1- L’ambiance déjà chaude dehors.
A peine arrivé aux alentours du Parc que l’on sent déjà l’ambiance monter. Et pas forcément la bonne. On assiste en direct aux premiers incidents. Une poignée de supporters n’a rien trouvé de mieux que de lancer des bouteilles de verre sur les forces de l’ordre. Ces derniers répliquent par plusieurs tirs de gaz lacrymogène. Un cordon de policier contenait quelques centaines de spectateurs parisiens alors que le bus des joueurs de l’OM arrivait, et cela, moins de deux heures avant le début de la rencontre.
Mais la venue marseillaise n’est même pas en question. Aucun supporter marseillais ne fera le déplacement au Parc des Princes. A Paris, les supporters se battent entre eux. Ainsi, à la sortie d’un bar, un supporter de 38 ans est roué de coups. Il appartenait à la tribune Boulogne, ces agresseurs étaient de celle d’Auteuil. Le duel entre les deux tribunes est honteusement lancé.
2- Quand Paris laisse filer son match
Ils n’ont pas à rougir d’une première mi-temps où le Paris SG se sera offert quelques occasions. L’OM a probablement dû trembler, mais les Phocéens ont pu compter sur le réalisme d’un Ben Arfa en pleine forme, qui au quart d’heure de jeu, met presque fin aux espoirs parisiens. Paris va être incapable de remonter la pente, et l’OM va presque jouer facile et se contente de gérer tranquillement son avance.
Aux retours des vestiaires, c’est logiquement un Lucho intenable depuis le début de la seconde période, qui profite des errances de la défense parisienne pour doubler la marque et enfoncer un peu plus Paris dans une soirée qui s’annonçait bien sombre. Alors que Paris n’arrive pas à se créer d’occasion, c’est un superbe Bruno Cheyrou qui inscrit le troisième marseillais, dans une défense aux abois.
3- La défiance envers le club et Colony Capital
Les banderoles sont plus que parlantes : « Colony, Go Home ! » ou encore « Colony Dehors » et on en passe. L’actionnaire en prend son grade lorsque le public est à l’unisson (non pas pour soutenir ces joueurs) pour hurler un « Colony démission ». Lorsque Cheyrou offre sa perle en guise de troisième but, le public parisien ne sait plus trop quoi faire. Ils seront nombreux à quitter le Parc, d’autres enlèvent les banderoles des kops et s’installe alors un silence de tombe.
Il est clair que le public parisien (et c’est légitime) en a clairement assez de la gérance du club. On commence par en haut, où l’actionnaire Colony Capital, représenté par Sébastien Bazin (qui visiblement s’y connaît mieux en immobilier qu’en sport) n’arrive pas à construire à terme un projet pour le club, et pire encore, n’investit pas. Ensuite, tout le staff, président en tête, qui essaye de se marteler que la solution va venir. Symbole d’un Paris SG qui ne marche pas, son coach : il est bien parisien de cœur, mais sa façon de gérer commence sérieusement à poser question. Lorsque Sankharé, mais surtout Kezman rentre sur la pelouse, c’est se dire que ce PSG n’a plus rien de glamour.
4- Des supporters à l’agonie, honte à vous
C’est probablement le point le plus honteux de la soirée. Heureusement qu’il y avait des forces de sécurité visibles et le calme était à peu près assuré à la sortie du Parc (des barrages à chaque rue empêchaient les deux kops de se rencontrer). Car il y a eu des choses bien choquantes ce soir au Parc. Tout d’abord, l’accueil réservé à Heinze. Les sifflets et les petites provocations, on peut comprendre. Mais les insultes très graves comme sur une banderole qui disait "en 45, on t’aurait tondu", c’est juste incroyable. On rappellera que le joueur argentin avait évolué sous les couleurs parisiennes avant de passer par Manchester, Madrid, puis revenir en France à … Marseille.
Alors que Paris agonise sur le terrain à 2-0, ce sont (encore) des supporters qui perdent leurs nerfs. Ainsi, deux individus vont tenter de pénétrer sur la pelouse, plaqués au sol par les stadiers.
Le kop Boulogne a réagi. Peu avant cet incident, c’est son speaker qui invite ses fidèles à se regrouper pour venger ce supporter de 38 ans roué de coups (dont les rumeurs parlaient de mort, finalement, il est encore en vie), et en découdre avec les membres d’Auteuil. Il ne terminera pas son message au haut-parleur… « Ca va être la guerre dehors » pouvait-on entendre derrière. Tout le symbole qu’à Paris, rien ne va plus.