Libye: Les rebelles assiègent Tripoli

Publié le par actu

Des rebelles en plein combat à Gadayem, à l'ouest de Tripoli, en Libye, le 21 août 2011.

Des rebelles en plein combat à Gadayem, à l'ouest de Tripoli, en Libye, le 21 août 2011. FILIPPO MONTEFORTE / AFP

REBELLION - L'«opération sirène» menée par les rebelles semble porter ses fruits, dimanche...

18h43: Dernière info: Nicolas Sarkozy exhorte Mouammar Kadhafi à «renoncer sans délai à ce qu'il lui reste de pouvoir», dimanche.

Les rebelles libyens ont pris dimanche le contrôle d'un quartier de la banlieue de Tripoli et d'une caserne aux portes de la capitale libyenne, tablant sur une chute dans les prochaines heures de ce bastion du régime.

Une opération était en cours à Tripoli pour isoler le colonel Mouammar Kadhafi, selon le Conseil national de transition (CNT, organe politique de la rébellion) basé à Benghazi (est).

L'«opération sirène» est lancée

Déclenchée samedi soir, «l'opération sirène se déroule en coordination entre le CNT et les combattants rebelles dans et autour de Tripoli», a expliqué Ahmed Jibril, porte-parole du CNT, précisant que «l'Otan est également impliquée».

«Nous estimons qu'elle devrait durer plusieurs jours jusqu'à ce que Kadhafi soit assiégé», a-t-il dit, ajoutant: «Nous prévoyons deux scénarios: qu'il se rende ou qu'il s'échappe de la ville» pour se réfugier à l'étranger ou dans une autre ville.

La rébellion s'organise de façon coordonnée

«Les gens ont commencé à bouger de façon organisée hier soir, les cellules (rebelles) ont agi en coordination, tout a commencé au même moment, ce qui démontre que c'est une opération organisée», a également commenté à l'AFP le porte-parole militaire du CNT, le colonel Ahmed Omar Bani.

«Les graines de la révolte ont enfin commencé à éclore dans Tripoli, la barrière de la terreur est tombée», s'est-il félicité.

Un quartier de la capitale aux mains des rebelles

Dimanche en fin de journée, le quartier populaire de Tajoura, situé dans la banlieue est de Tripoli, était ainsi sous le contrôle des rebelles, selon un témoin. Selon ce témoin, les pro-Kadhafi pilonnaient régulièrement ce quartier, mais la situation restait toujours sous le contrôle des insurgés.

De nombreux quartiers de la capitale étaient également en ébullition dimanche matin et des affrontements opposaient pro-Kadhafi et insurgés, selon des témoins.

«Nous entrerons dans Tripoli dans quelques heures. Nous espérons que d'ici demain elle sera tombée entre nos mains», a déclaré à l'AFP un chef militaire rebelle, Abdelhakim Belhaj.

Un navire maltais qui devait évacuer dimanche des étrangers de Tripoli vers Malte n'a d'ailleurs pas pu entrer dans le port à cause des tirs qu'il a essuyés, a déclaré à l'AFP une porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères.

Par ailleurs, les insurgés ont pris dimanche après-midi le contrôle d'une caserne aux portes de Tripoli, située au kilomètre 27, où ils se sont emparés d'armes et de munitions, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des centaines de rebelles sont entrés dans l'enceinte de cette base militaire, située à l'ouest de Tripoli, sur la route de Zawiyah. Cette caserne était l'obstacle le plus important sur la route de Tripoli.

Quand le correspondant est entré dans le bâtiment, après un violent assaut des rebelles, des véhicules étaient en feu, avec à l'intérieur des corps carbonisés.

Les combats ont fait plusieurs blessés parmi les rebelles, selon le journaliste, qui n'était néanmoins pas en mesure de communiquer un bilan des victimes.

«Nous avons pris cette base, mais elle n'est pas encore sécurisée. Nous pensons qu'il y a toujours des tireurs embusqués à l'intérieur», a déclaré à l'AFP un combattant rebelle, Mohammed.

Des rebelles sont arrivés par bateau en renforts

Dans l'après-midi, les insurgés ont par ailleurs libéré plusieurs dizaines de détenus de la prison de Maya, située non loin de là, selon le correspondant de l'AFP.

Des rebelles, venus par la mer de l'enclave côtière de Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, ont par ailleurs infiltré la capitale et participent aux combats qui s'y déroulent actuellement, a affirmé à l'AFP un porte-parole local de la rébellion.

De son côté, le porte-parole du régime libyen a affirmé lors d'une conférence de presse que «Tripoli était toujours défendu».

«Nous avons des milliers de soldats professionnels et des milliers de volontaires qui protègent la ville. Ces gens ne sont pas seulement patriotes mais ont des familles et des maisons qu'ils veulent protéger et comprennent bien que si les rebelles entrent, le sang sera partout», a déclaré Moussa Ibrahim.

Le régime appelle le peuple à «éliminer les traîtres»

Le régime, qui a reconnu des infiltrations «de groupes isolés», a envoyé dimanche des messages sur les téléphones portables appelant «le peuple à éliminer les traîtres et les agents avec des armes et à les piétiner», a indiqué un journaliste de l'AFP.

Peu avant, Seif al-Islam Kadhafi, un des fils du dirigeant libyen a réaffirmé que le régime «n'abandonnerait pas la bataille» tout en invitant la rébellion au dialogue, dans un discours diffusé par la télévision officielle.

Dans la nuit, la télévision officielle a diffusé un message sonore du colonel Kadhafi exhortant ses partisans à «marcher par millions» pour «libérer les villes détruites».

Dans le même temps, l'ancien numéro deux du régime libyen Abdessalem Jalloud, qui a fui Tripoli vendredi et se trouve actuellement en Italie, a appelé la tribu du colonel Kadhafi à renier «ce tyran», dans une déclaration diffusée dimanche par Al-Jazira.

La communauté internationale se mobilise

A l'étranger, de nombreuses capitales se félicitaient des derniers développements.

La Maison Blanche a estimé que les jours de Mouammar Kadhafi en tant que dirigeant étaient «comptés», soulignant que «le peuple libyen mérite un avenir juste, démocratique et pacifique».

La «tragédie» du conflit en Libye «touche à sa fin», a également jugé le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini dans une interview à Il Mattino.

Le «soulèvement à Tripoli» a commencé, et la situation dans le pays est «à un point extraordinairement crucial», a estimé de son côté le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Alistair Burt sur la chaîne Sky News.

Sur le plan diplomatique, Tunis a reconnu dimanche le CNT comme représentant légitime du peuple libyen, comme une trentaine de pays avant lui.

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