La corrida interdite en Catalogne : Et en France?
Le parlement régional de Catalogne a adopté mercredi matin l'interdiction de la corrida à partir de 2012 dans cette région espagnole. Ce débat fait suite au dépôt d’une « initiative législative populaire » présentée par les anti-corridas qui s’opposent à un spectacle « barbare » et rêvent que la Catalogne devienne la deuxième région d’Espagne à interdire la tauromachie, après l'archipel des Canaries en 1991. C'est quelque part la fin de l'un des symboles de la culture espagnole dans cette région fortement nationaliste de l’Espagne.
Un vote serré
Le vote qui a eu lieu ce mercredi fait suite à une « initiative législative populaire » visant à interdire de maltraiter les animaux, y compris pour les courses de taureaux. Elle a recueilli plus de 180 000 signatures.
L’opinion publique catalane semble donc soutenir l’interdiction de la corrida. Les politiques ont semble-t-il entendu cet appel. Alors que le parti socialiste prévoyait initialement de voter contre l'interdiction, le président régional socialiste José Montilla a finalement laissé la liberté de vote à ses 37 parlementaires. Ces parlementaires ont fait pencher la balance.
Selon le journal espagnol El Periódico de Catalunya « La victoire des abolitionnistes était assurée ». De l’autre côté des Pyrénées, les journaux français annonçaient un vote serré.
Une interdiction à enjeu politique
Pour les partisans de la corrida, le débat qui entoure cette interdiction est politique. Dans cette région fortement nationaliste, « l'idée est de proscrire tout ce qui est espagnol », affirmait mardi l'éditorialiste du quotidien de droite madrilène El Mundo. Cette interdiction interviendrait selon les médias conservateurs dans un esprit de revanche des hommes politiques catalans, après un récent arrêt du tribunal constitutionnel rognant certains aspects du statut d'autonomie de la région.
Il faut dire que la corrida est presque anecdotique en Catalogne, la région n'a plus qu'une arène encore utilisée à Barcelone, qui n'organise qu'une quinzaine de corridas par an, rarement pleines. Dans le reste de l'Espagne, c'est un millier de corridas qui sont proposées en saison.
Dans ces autres régions, la corrida n’est pas prête de s’arrêter. Plusieurs régions d'Espagne, dont celle de Madrid, ont annoncé leur intention d'inscrire la tauromachie à leur « patrimoine culturel » pour protéger cette tradition.
Aujourd’hui, seule la région espagnole des Canaries a interdit la corrida, et ce, depuis 1991.
Comment ça se passe en France?
En France, l’article 521-1 du Code pénal punit le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves (…) ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende. L’article R655-1 ajoute que le fait, sans nécessité, publiquement ou non, de donner volontairement la mort à un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 5e classe.
Ces deux infractions pénales connaissent des exceptions. Une d’entre-elles concernent les courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée.
Après l’annonce du débat espagnol, Mme Marland-Militello et sa collègue PS Geneviève Gaillard ont déposé une proposition de loi visant à supprimer les exceptions prévues par l’article 521-1 du Code pénal. « Il appartient maintenant à l'UMP, forte de sa majorité parlementaire, d'inscrire à l'ordre du jour du Parlement la proposition de loi » a indiqué Mme Marland-Militello.