Coluche : 25 ans que la salopette est rangée
Coluche, un monument de l'humour français, un trublion de la frasque verbale, un provocateur jouant de son verbiage, mais surtout le roi de l'anti-tabous en tous genres. Un homme parmi les Hommes qui aura su en quelques année seulement, devenir pour l'éternité le chouchou des Français, à la fois pour ces sketchs sur les planches, que par ses actions dans la vie de "Monsieur Tout le monde".
Les origines et l'enfance
Coluche, de son vrai nom Michel Colucci, naquit le 28 Octobre 1944, en pleine Seconde guerre mondiale (quelques semaines après la libération de Paris), et au coeur de la cité des Parisii. Fils d'immigré Italien, il tranforma son nom à l'âge adulte, pour adopter le pseudonyme de Coluche, et lanca ainsi par son franc parler et son verbiage grossier (mais jamais vulgaire), une carrière qui allait s'annoncer riche en rebondissements et en expériences diverses.
Après une enfance et surtout une scolarité non récompensée de diplôme malgré des résultats prometteurs mais volontairement anéanti, le jeune Michel aura plusieurs fois affaire à la police pour des petits larcins en tout genres. Une façon bien à lui de s'opposer à toutes formes d'autorités publiques, comme il le démontrera lors de son service militaire, ou pour insubordinatin envers un officier, il purgera une peine de prison, au sein de la caserne de Lons le Saulnier.
Un jeune homme sûr de son fait donc, bien décidé déjà dès le plus jeune âge a refusé toutes formes d'autorités conventionnelles et obligatoires.
Le comique est né
En avril 1969, Coluche, investit lors de l'inauguration officielle des lieux, le "Café-Théatre", et s'offrira ainsi sa première vraie scène. Une première vraie scène qu'il se devra de quitter, à peine un an plus tard, pour des problèmes d'alcool selon son entourage. Une addiction qui aurait pu lui coûter sa carrière florissante, mais pourtant il n'en sera rien. Le talent est là, et la machine Coluche, bien qu'elle en soit encore à ses balbutiements, est déjà bien lancée.
Après un semi échec donc au "Café Théatre", le jeune comique rejeté, n'a pas manqué son rebond sur la scène artistique de l'Hexagone, se trouvant un créneau jusque là non utilisé, et une palanquée de personnages tous plus criant de vérité les uns que les autres.
Un premier sketch, intitulé, "C'est l'Histoire d'un mec", qui sera d'emblée un coup de maître, et saura ravir le coeur des Français, attirant ainsi le regard de la masse populaire de tous bords sur le jeune comique. La suite de ses écrits, après le succès de sa première sortie ne fera que confirmer l'audace de Coluche et l'amour du public pour le comique. Un raccourci certes, bien minimisé, mais pourtant très réel. Voici donc le tout premier sketch de Coluche, celui lui ayant permis de faire glorifier son pseudonyme et d'entamer sa fulgurante ascension :
Le personnage était donc lancé, mais pourtant, comparé au clown que tout un chacun à en mémoire, il manquait encore sur ces premiers sketchs, un élément capital au personnage Coluchesque connu de tous. "Oui", que serait aujourd'hui le personnage de Coluche sans sa désormais légendaire salopette? Une salopette enfilée pour la première fois, et pour toujours, dans son Olympia de 1974, à laquelle fut agrémentée une tee shirt jaune, non moins inévitable dans nos cerveaux. L'équipement mythique était donc en place pour finir de parfaire le costume de Coluche et pour écrire pour toujours la légende de ce clown, de ce trublion, devenu un vrai symbôle de l'anti conformisme, et du politiquement incorrect. "Toujours grossier, jamais vulgaire".
Un artiste polyvalent
Comique, chanteur, acteur, etc, Coluche aura su en quelques années seulement, explorer tous les aspects du métier artistique de France et de Navarre. Partenaire notamment au cinéma de Louis de Funès dans le film de "L'aile ou la Cuisse", Michel Colucci, aura aussi réussi à obtenir le césar du meilleur acteur, pour son rôle tragique dans le fim "Tchao Pantin". Un rôle de pompiste déprimé, collant à cet époque parfaitement à la vie de l'artiste, en proie à une forte dépression après une période plus que trouble et un exil forcé (?) en Guadeloupe.
Un acteur assumé et révélé, qui tournera encore de nombreux films, comme notamment, "Le Maître d'école", "Banzaï", "La vengeance du Serpent à plumes", "Deux heures moins le quart avant Jésus Christ", etc, et qui n'hésitera pas aussi à se mettre à la chanson avec pour rappelle des titres comme "Misère", "Je veux rester dans le noir", "On n'est pas là pour se faire engeuler", etc.
Acteur, chanteur, comique, et tout un tas d'autres facettes que l'artiste Coluche ne cessera de développer tout au long de sa carrière d'auteur, et d'interprète.
Le Coluchisme qui a marqué son temps et le temps
Si il fallait retenir deux faits marquants et indiscutables de la vie et surtout de l'oeuvre au sens large de Coluche, nul doute que les deux faits les plus cités, seraient la création des "Restos du Coeur", et la campagne présidentielle de 1981.
En effet, portant un regard tout particulier sur la politique de la nation France, Coluche prend le problème à bras la salopette en Octobre 1980, et passe du votant Coluche au candidat Coluche, après avoir décrié un appel plein d'insubordination, de franc parler, et resté dans les annales de la politique Française.
Après avoir atteint des sommets dans les intentions de votes, faisant craindre le pire aux candidats en place comme par exemple François Mitterand, le candidat Coluchiste, barre son nom de liste des présidentiables, et retourner sur les planches, malgré un slogan plus que criant de vérité : « Avant moi, la France était coupée en deux. Maintenant elle sera pliée en quatre ».
La pression politique aura donc fait plier l'aura du clown du peuple, qui pour sauver sa vie, retournera à la place qui était la sienne, et cela malgré ses engagements et ses convictions personnels.
La campagne terminée, Mitterand étant élu, Coluche, n'oublieras pas pour autant ses engagements, ni même ses convictions, et lancera une association devenue au fil du temps une véritable "institution", à savoir les "Restos du Coeur". Un lieu de rendez vous pour les personnes appauvries et démunies, au sein duquel elles pourront trouver des denrées alimentaires, et un lieu de convivialité voulu par l'artiste. Une association crée pour lutter contre la pauvreté de la classe pauvre Nationale, et qui aujourd'hui encore, 25 ans après son lancement, continue de vivre, et de faire survivre les plus démunis. Des "Restos du Coeur", qui sont devenus avec le poids des âges, "Les Restos", et qui pour information, ont distribué pas moins 103 Millions de repas depuis leur création (chiffre arrêté à 2008-2009).
Un accident tragique
le 19 Juin 1986, il y a exactement 25 ans, Coluche quitta le monde des mortels, pour rejoindre celui des légendes. A la suite d'un accident de moto, sur la route reliant Cannes à Opio, le roi de l'humour de France, s'en alla faire rire les cieux pour l'éternité, délaissant une nation en proie à son appauvrissement, sans avoir eu le temps de voir perdurer ses projets, et notamment ses "Restos".
Suite à un "contact" avec un camion situé de tout son long, en plein milieu de la voie routière, l'humoriste ne peut s'empêcher de percuter l'engin de la tête, tuant sur le coup son volontarisme et son audace que certains décraient politiquement en silence. Coluche s'en était allé, dans un "banal" accident de la route, et alors qu'il venait de lancer l'oeuvre de sa vie en venant à sa façon en aide aux personnes démunies.
Inhumé le 24 Juin 1986, dans le cimetière de Montrouge (qui vient de lui rendre hommage en érigeant une statue de salopette dans la ville) en présence d'anonymes et de ces amis du show business comme par exemple Thierry Lhermitte, ou Gérard Jugnot, le tout sous la coupe écclésiastique de l'Abbé Pierre.
Coluche était un homme à part. Un trublion, un clown, et pitre, certes, mais il n'en reste pas moins, qu'il était avant tout un amoureux du genre humain, défendant avec conviction notamment les problèmes de racismes, d'homophobie sexuelles, ou encore de dépénalisation de drogue. Un homme (trop?) en avance avec son temps, et qui n'aura eu le temps de pouvoir changer les choses de la manière dont il le souhaitait.
Coluche, 25 ans qu'il est parti faire rire les anges, et 25 ans que malgré ses coups de gueule, rien n'a changé au royaume de France.
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