Brève rencontre entre candidats au dîner du Crif
A l’occasion de la soirée annuelle des juifs de France, François Hollande et Nicolas Sarkozy, après s’être évités, ont échangé tout sourire quelques mots.
| ABACA/GUIBBAUD CHRISTOPHE
Ballet de personnalités, de membres du gouvernement et de candidats. Hier, le traditionnel dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a connu une affluence exceptionnelle, année électorale oblige.
La frappe de Yade
Mille couverts : rien de moins. Hier soir, le pavillon d'Ermenonville avait des airs de Champs-Elysées, la célèbre émission de Michel Drucker. L'ancienne secrétaire d'Etat Rama Yade ouvre les hostilités alors que le vestiaire est à peine ouvert. « François Hollande et Nicolas Sarkozy sont là… sympa ! Mais Hollande n'a aucune expérience : je ne le vois pas comme un capitaine capable de tenir la barre », raille l'ex-chouchoute du président. Venu dans un « esprit républicain », Villepin est le premier candidat à l'Elysée à franchir la porte. Mais il ne s'attardera pas. Pas question pour lui d'assister au discours de Sarkozy : « J'ai d'autres engagements. » Les socialistes, eux, arrivent en ordre dispersé : Manuel Valls et Pierre Moscovici, deux poids lourds de l'équipe de campagne, ouvrent le bal.
Enrico Macias… amoureux
La vraie star de ce début de soirée, c'est Enrico Macias, vêtu d'un grand manteau blanc. Soutien de Nicolas Sarkozy en 2007, le chanteur assure le « show », se transformant en véritable agent électoral pour le président. « Je suis de gauche mais je suis amoureux de lui. Pour mes cinquante ans de carrière, j'aimerais sa réelection comme cadeau », clame-t-il en entonnant au micro des radios « Ah qu’elles sont jolies les filles de Sarkozy ». Il croise alors Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie, qui lui demande en souriant : « Quand m'emmènes-tu à Jérusalem ? J'ai besoin de voyager. » Bertrand Delanoë hésite à poser à côté de son « ami ». « Je ne veux pas te compromettre, Enrico… » ironise le maire de Paris.
Hollande évite la table d’honneur…
Au côté de Valérie Trierweiler, une habituée du dîner comme journaliste, Hollande peine à se frayer un chemin dans la grande salle du cocktail. Amis, inconnus, beaucoup veulent des photos. Hollande tombe nez à nez sur Roselyne Bachelot, la ministre des Solidarités. Un regard, un sourire, rien de plus. Hier soir, le candidat socialiste n'était pas là pour croiser le fer. Ni avec les membres du gouvernement ni même avec son rival dans la course à l'Elysée. « Je viens par courtoisie et dans un esprit républicain », explique-t-il. Mais il entend éviter le mélange des genres. Hollande a expressement demandé à ne pas être à la table d'honneur, où trônait Nicolas Sarkozy.
… puis va saluer Sarkozy et les parents de Gilad Shalit
Le chef de l'Etat se taille un franc succès à l'applaudimètre quand Richard Prasquier, le président du Crif, rappelle son engagement en faveur de Gilad Shalit, le soldat franco-israélien libéré après avoir été détenu pendant cinq ans dans les prisons du Hamas. Sarkozy joue sur la corde sensible : « Gilad a été persécuté, torturé, maltraité. Honte a ceux qui ont fait ça. » Le chef de l'Etat se lance dans un discours géopolitique. « La disparition d'Israël serait un recul effrayant de l'histoire. L'acquisition de l'arme atomique par l'Iran est inacceptable », prévient t-il. Pour finir, il évoque l'affaire Zeitouni, cette jeune Israélienne tuée par deux chauffards français à Tel-Aviv : « Ceux qui ont fait ça doivent rendre des comptes. Je réclame justice. Si la famille de cette jeune fille venait déposer plainte, ils seraient immédiatemment déférés. » Sarkozy et Hollande finissent par se serrer la main et même échanger quelques mots au moment où le champion du PS vient saluer la famille Shalit, installée à la table présidentielle. Entre les deux rivaux, une poignée de main républicaine… en attendant de croiser le fer à nouveau.
Le Parisien
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