Une aide internationale de "dizaines de milliards" d'euros discutée à Dublin

Publié le par actu

 

 

Le ministre irlandais des Finances Brian Lenihan à Bruxelles le 17 novembre 2010 Georges Gobet AFP

Des experts européens et du Fonds monétaire international négociaient jeudi à Dublin une aide internationale de plusieurs "dizaines de milliards" d'euros, dans le cadre d'un vaste plan de sauvetage des banques irlandaises, dont l'endettement astronomique menace l'Europe.

"Les attentes (de l'UE et du FMI), et les miennes, sont qu'un prêt sera mis à disposition", a déclaré jeudi matin le gouverneur de la Banque centrale d'Irlande, Patrick Honohan. "Nous parlons d'un prêt très important, de dizaines de milliards" d'euros, a-t-il précisé sur la radio publique RTE.

Peu après ces déclarations, un expert du FMI était aperçu entrant dans les locaux de la Banque centrale, à Dublin. Des négociations devaient également se tenir dans d'autres bureaux de la capitale, entre des responsables irlandais et des experts de l'Union européenne et de la Banque centrale européenne (BCE).

Le plus grand secret était tenu sur les discussions et rien n'a filtré sur leur durée.

Réagissant aux déclarations de M. Honohan, le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan, a jugé "très souhaitable" un accord qui mettrait en place un "fond de prévoyance significatif, disponible pour soutenir l'Irlande".

"Cependant, nous n'en sommes pas encore à ce stade", a-t-il ajouté, soulignant que les discussions se poursuivaient "dans l'intérêt des contribuables", une allusion claire aux vives réticences de la population irlandaise sur un appel à l'aide internationale.

Devant le ministère des Finances, une poignée de membres du Parti socialiste irlandais manifestait contre "la dictature du FMI et de l'UE", jeudi. "Ils vont nous obliger à couper dans l'assurance sociale", a assuré Joe Higgins, député européen et président de la petite formation.

Jeudi matin, lors d'une nouvelle séance très houleuse au Parlement, le leader de l'opposition Enda Kenny a exigé la démission du gouvernement après "l'humiliation infligée à la population".

Les Irlandais sont très jaloux de leur indépendance, chèrement acquise après des siècles de lutte contre la puissance coloniale britannique, et sont largement eurosceptiques. Ils ont par deux fois rejeté des traités européens et craignent en particulier que Bruxelles les contraigne à renoncer à leur fiscalité très avantageuse pour les sociétés (12,5%), qui a alimenté le "miracle" économique celtique.

La fiscalité sur les entreprises est "non négociable", a cependant tranché la vice-Premier ministre Mary Coughlan devant le Parlement.

L'UE et le FMI, soucieux d'éviter les atermoiements qui avaient accentué il y a six mois la crise grecque, veulent cependant cette fois-ci prendre le taureau par les cornes et régler le problème irlandais au plus vite.

L'ancien "Tigre celtique", qui se relève difficilement d'une sévère récession, est plombé par un déficit record (32% de son produit intérieur brut cette année) en raison des quelque 50 milliards d'euros que le gouvernement a dû injecter dans les banques de l'île.

Mais cette recapitalisation n'a pas été suffisante et les instituts irlandais peinent à trouver de l'argent frais sur les marchés, provoquant de sérieuses turbulences dans toute la zone euro.

Une décision de principe pour débloquer des prêts européens et du FMI a déjà été prise à Bruxelles mais Dublin n'a toujours pas fait la demande formelle indispensable.

"Nous n'avons pas décidé de faire une proposition, parce que nous devons décider quelle est la meilleure option et c'est toute la discussion" qui s'engage jeudi, a précisé mercredi soir le Premier ministre Brian Cowen.

"C'est urgent, nous le savons, mais il faut aussi tenir compte de nos propres intérêts", a-t-il rappelé.

Publié dans actualité economique

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