Un "serial-tireur" anti-immigrés en Suède ?
La police de Malmö enquête sur des tirs répétés d'arme à feu visant des personnes immigrées.
Police de Malmö sur les lieux d'un tir contre des personnes immigrées, 21/10/10 © AFP/S. Jonsson
Y-a-t-il un tireur fou qui vise spécifiquement les immigrés à Malmö, la troisième ville de Suède où vit une forte communauté de personnes étrangères ou d'origine étrangère ? Depuis jeudi, la police envisage officiellement cette possibilité.
Il est vrai que les coïncidences sont troublantes. Depuis fin 2009, une quinzaine de tirs contre des immigrés avaient été répertoriés. Une personne a été tuée dans ces actes toujours mystérieux. Et jeudi dernier, ce ne sont pas moins de trois tirs qui ont eu lieu : un adolescent circulant sur un vélomoteur a tout d'abord été visé, sans être atteint, dans le courant de l'après-midi. Dans la soirée, deux femmes, de 26 et 34 ans, ont été légèrement blessées après avoir été prises pour cible dans la cuisine d'un appartement. Samedi soir, c'est un commerçant iranien qui a été attaqué. Ce dernier s'est défendu et a aperçu fugacement le visage de son assaillant. Les enquêteurs ont aussi pu récupérer une partie d'ADN, en cours d'analyse.
Racisme ? Jeux vidéos ?
La police, qui reconnaît les risques d'autres tirs, appelle la population au calme. La piste raciste, dans une ville où les groupuscules d'extrême-droite sont nombreux, est privilégiée. Le tireur, qui aurait entre 20 et 40 ans (voire les tireurs), pourrait également être adepte de Counterstrike puisqu'il utilise notamment le même pistolet que dans le jeu vidéo.
Cette série de coups de feu à Malmö rappelle la dramatique affaire du "tireur au laser qui s'était déroulée à Stockholm, la capitale entre août 1991 et janvier 1992. Un homme avait alors pris pour cible onze personnes, en majorité immigrées, dont une avait été tuée.
Le modèle suédois d'intégration, comme ceux des autres pays du Nord de l'Europe, est fondé en grande partie sur le multiculturalisme. Longtemps pris en exemple pour sa tolérance, il est remis en question depuis plusieurs années, avec une recrudescence à la fois d'actes racistes