Le batelier, le scaphandrier belge et le maire de Paris
Canal de l’ourcq (XIXe), vendredi. José et Christelle Christiaens, bateliers sur la « Salavas », ont demandé à la Ville de leur rembourser les frais occasionnés par le dépannage de leur péniche entrée en collision avec une épave du canal. | (LP/C.C.)
C’est une histoire croquignolesque qui va s’inviter aujourd’hui au Conseil de Paris, entre les boiseries et les tapisseries Napoléon III. Bertrand Delanoë va en effet devoir glisser entre les questions à l’ordre du jour celle du batelier José Christiaens — délibération no 165. A ce moment-là, le maire de Paris demandera officiellement l’autorisation de verser dans les dépenses de la Ville 1023 € pour des frais de scaphandrier.
Le 3 octobre 2010, la péniche « Salavas », qui navigue à Montereau (Seine-et-Marne) et à Pantin (Seine-Saint-Denis) via Paris, sur la Seine comme sur le canal de l’Ourcq, chargée de sable et de gravier, a heurté une épave de voiture en train de couler. « La péniche s’est soulevée de 30 cm. Je ne pouvais plus avancer. La voiture était accrochée au gouvernail », raconte, énervé, son propriétaire, José, « vingt ans de canal », le corps tatoué, un scorpion sur l’avant-bras, un diamant à l’oreille.
José et son épouse, Christelle, elle aussi d’une famille de bateliers, appellent les services des canaux selon le protocole. « Ils se renvoient tous la balle… La brigade fluviale est quand même passée. Le plongeur a essayé de tripatouiller mais n’a pas réussi à détacher la voiture. »
«Le Bertrand, il finit toujours par sortir le chéquier»
Le batelier se tourne en dernier recours vers son assureur. « J’avais mes 380 t en cale à livrer. Et je paie quand même 12 000 € d’assurance par an », lâche le batelier, qui jure être même assuré « au cas où sa péniche emporterait le pont Alexandre-III »!
Lequel assureur lui envoie le lendemain, de Belgique, un scaphandrier! « Parce qu’en France ils n’en ont pas », se moque José, qui au passage remarque que la Ville dispose de 3 scaphandriers.
« Le plongeur a garé son camion sur le canal, poursuit José. Il a enfilé sa combinaison, attrapé sa bouteille à oxygène, installé son poste à découper la ferraille sous l’eau, ses cisailles, ses vérins. Il a plongé. En cinq minutes, il avait détaché la bagnole. Il est reparti aussi sec en Belgique. » José peut remettre la « Salavas » en route, sans dommage ni pour la coque ni pour l’hélice. Quelques semaines plus tard, il a la désagréable surprise de recevoir la facture du scaphandrier belge! « C’est la mairie de Paris qui est responsable de ses canaux, qui sont une vraie poubelle! (voir encadré). Ils doivent les entretenir, martèle le batelier. Ce n’est quand même pas à moi de payer pour les épaves de bagnoles qui emboutissent ma péniche! »
José Christiaens attaque la Ville de Paris. « Cela fait deux ans que j’attends! » poursuit-il. En avril 2012, la responsabilité de la Ville est reconnue. Un procès-verbal à l’amiable a fixé l’indemnisation de ce dommage à la somme de 1023 €. « Le Bertrand (NDLR : Delanoë), il finit toujours par sortir le chéquier, fanfaronne José. Il sait très bien qu’ils ont tort. »
Le 3 octobre 2010, la péniche « Salavas », qui navigue à Montereau (Seine-et-Marne) et à Pantin (Seine-Saint-Denis) via Paris, sur la Seine comme sur le canal de l’Ourcq, chargée de sable et de gravier, a heurté une épave de voiture en train de couler. « La péniche s’est soulevée de 30 cm. Je ne pouvais plus avancer. La voiture était accrochée au gouvernail », raconte, énervé, son propriétaire, José, « vingt ans de canal », le corps tatoué, un scorpion sur l’avant-bras, un diamant à l’oreille.
José et son épouse, Christelle, elle aussi d’une famille de bateliers, appellent les services des canaux selon le protocole. « Ils se renvoient tous la balle… La brigade fluviale est quand même passée. Le plongeur a essayé de tripatouiller mais n’a pas réussi à détacher la voiture. »
«Le Bertrand, il finit toujours par sortir le chéquier»
Le batelier se tourne en dernier recours vers son assureur. « J’avais mes 380 t en cale à livrer. Et je paie quand même 12 000 € d’assurance par an », lâche le batelier, qui jure être même assuré « au cas où sa péniche emporterait le pont Alexandre-III »!
Lequel assureur lui envoie le lendemain, de Belgique, un scaphandrier! « Parce qu’en France ils n’en ont pas », se moque José, qui au passage remarque que la Ville dispose de 3 scaphandriers.
« Le plongeur a garé son camion sur le canal, poursuit José. Il a enfilé sa combinaison, attrapé sa bouteille à oxygène, installé son poste à découper la ferraille sous l’eau, ses cisailles, ses vérins. Il a plongé. En cinq minutes, il avait détaché la bagnole. Il est reparti aussi sec en Belgique. » José peut remettre la « Salavas » en route, sans dommage ni pour la coque ni pour l’hélice. Quelques semaines plus tard, il a la désagréable surprise de recevoir la facture du scaphandrier belge! « C’est la mairie de Paris qui est responsable de ses canaux, qui sont une vraie poubelle! (voir encadré). Ils doivent les entretenir, martèle le batelier. Ce n’est quand même pas à moi de payer pour les épaves de bagnoles qui emboutissent ma péniche! »
José Christiaens attaque la Ville de Paris. « Cela fait deux ans que j’attends! » poursuit-il. En avril 2012, la responsabilité de la Ville est reconnue. Un procès-verbal à l’amiable a fixé l’indemnisation de ce dommage à la somme de 1023 €. « Le Bertrand (NDLR : Delanoë), il finit toujours par sortir le chéquier, fanfaronne José. Il sait très bien qu’ils ont tort. »
Le Parisien