Aux Etats-Unis, Londres défend BP bec et ongles
Comme si les soucis de BP dans la lutte contre la marée noire ne suffisaient pas, voilà le groupe au coeur d'une enquête de la commission sénatoriale des Affaires étrangères du Congrès américain, présidée par John Kerry. La commission essaie de déterminer le rôle éventuel joué par BP dans la libération de l'agent libyen Abdel Basset al Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts, en majorité américains, en 1988.
"Une méthode parfaitement normale et légitime"
En 2007, BP a en revanche eu des contacts avec le gouvernement britannique, au moment où ce dernier négociait un accord de transfert de prisonniers avec Tripoli. Le groupe pétrolier s'inquiétait des conséquences possibles sur un accord de prospection qu'il négociait alors avec la Libye, et tenait à mettre en garde Londres sur les conséquences possibles d'un échec du transfert de prisonniers sur cet accord.
Mais si BP a fait du lobbying auprès du gouvernement britannique, "il s'agissait d'une méthode parfaitement normale et légitime de la part d'une entreprise britannique", affirme William Hague, le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, dans une lettre qui vient d'être envoyée au sénateur Kerry. "C'est le type d'échanges qui se produit régulièrement dans le monde, et qui a certainement eu lieu à cette époque entre de nombreuses entreprises ayant des intérêts en Libye et leurs gouvernements respectifs", ajoute Hague dans sa lettre datée du 22 juillet. "Je pense avoir la responsabilité de répondre aux rumeurs infondées évoquant une sorte de conspiration impliquant BP et ayant mené à la libération de M. Megrahi."
La commission sénatoriale américaine des Affaires étrangères tiendra le 29 juillet une audience sur ce sujet. Jack Straw, qui était ministre britannique de la Justice à l'époque et a eu des contacts au sujet de la Libye avec BP entre octobre et novembre 2007, ayant décliné l'invitation du Sénat américain à venir témoigner, la lettre de William Hague sera probablement la principale contribution britannique à l'enquête de la commission américaine. Aucun témoignage de responsables gouvernementaux britanniques actuels ou passés n'est prévu. Quant au groupe BP, il n'a pas fait savoir si son directeur général Tony Hayward et le conseiller de ce dernier, Mark Allen, se rendraient au Sénat américain.